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3 avril 2020

19h30 – c’est l’heure, j’allume la télé, je ne sais pas trop quel jour on est, peut être jeudi, peut être samedi,  peu importe, il est 19h30, et c’est l’heure. 

C’est étrange, ce nouveau rapport au temps, les jours se suivent et se ressemblent, ils n’ont plus de nom, ils commencent à 13h et ne finissent jamais, le temps est lent, le temps est long, on compte les heures, on compte les jours, on ne les a d’ailleurs jamais autant comptés : « confinement j+21 », « libération éventuelle : j-14″… Mais finalement, on ne sait pas quel jour on est, les jours n’ont plus de nom, ils sont devenus des chiffres.

Des chiffres… Il est 19h30, c’est l’heure, l’heure du bilan, j’allume ma télé pour mon rendez-vous quotidien avec le monde extérieur. Les chiffres et statistiques s’enchaînent, ils défilent sous mes yeux, envahissent mon cerveau apathique et endormi, on énumère le nombre de cas, d’hospitalisations, de décès, de guérisons. Les chiffres et les statistiques s’enchaînent je les entends, je les vois, mais ils ne m’atteignent pas. Ce soir, comme tous les soirs, j’ai rendez-vous avec l’horreur de la situation, rendez vous avec la mort, et je l’écoute, je la regarde machinalement, impassible, amorphe. Le monde de dehors va mal, on me le dit, on me le montre montre, et moi, je regarde la scène comme un mauvais drame, en grignotant des chips.

30 octobre 2020 : À l’unisson, la Belgique  dégaine un reconfinement  « de la dernière chance »

Enfermée chez moi à nouveau, mes sorties dans Bruxelles à la tombée de la nuit rythment mes semaines… Je découvre la ville, je prends le temps de la voir vivre au ralenti… Et je fige ces moments…

Ce recueil est mon échappatoire. C’est  le récit d’une jeunesse perdue. C’est  le journal de bord d’une génération qui essaie de comprendre. C’est  le témoignage d’une humanité qui ne comprend rien. Voici le périple d’une vie frappée de plein fouet par une crise sanitaire sans précédent. Bribes de bons et mauvais souvenirs, il canalisera la folie en ces temps déréglés, et illustrera une réalité  absurde et déconcertante. C’est aussi la (re)découverte d’une ville  morte, que j’admirais pourtant pour sa vivacité.

C’est reparti pour un tour, et cette fois c’est bien plus violent. Condamnés à une nouvelle réclusion, nous savons désormais à quoi nous aurons à faire. Nous sommes maintenant confrontés à quelque chose de connu, il n’est plus question, cette fois, d’effet de surprise, il n’est plus question d’impatience, ni de patience,  nous retournons à notre isolement. Tête à tête avec soi-même – partie 2… Cette fois, c’est bien plus violent ! 

Face au flux d’informations incessant qui les submerge, les individus ne savent plus quoi penser, savent-ils encore penser d’ailleurs ? De quoi sera fait demain ? C’est à peine s’ils parviennent à se rappeler de ce dont était fait hier… L’hier aux regrets a laissé place à un aujourd’hui nostalgique, et nous attendons demain avec impatience, avec espoir, ou peur, nous ne savons pas trop…

Jour après jour, les informations défilent, elles nous informent, nous désinforment. Elles nous rassurent, nous effraient. Elles  nous redonnent espoir, nous désespèrent. Elles nous touchent, elles nous énervent. Elles jouent avec nous, avec nos émotions.  Au fond je pense qu’elles essaient vraiment de nous informer, mais après des semaines, des mois, de bonnes et de mauvaises nouvelles, nous ne sommes finalement jamais préparés à entendre et accepter ce qu’elles ont à nous dire. 

En colère

Esprits enfermés veulent vivre. Jeunesse volée veut se faire. Je ne veux plus être triste, je ne veux plus être en colère, je ne veux plus avoir peur. 

18 novembre 2020 : « L’enseigne lumineuse  Coca-Cola de la place De Brouckère va bientôt disparaître »

Fait divers insignifiant, ce jour-là il m’a marquée. La veille, j’avais pris cette photo. Ouf. 

Non-essentiel :

Difficile en 2020 de croire que, lors du tri entre l’essentiel et le non-essentiel, la place de la culture ait à peine été discutée.
Non-essentielle ; Faire face ; Se réinventer ; Survivre ; Secteur garant d’un article d’une célèbre déclaration doit faire face, se réinventer, survivre.
Obligée de rappeler à quel point sa contribution au PIB est importante pour attirer un minimum d’attention quant à son caractère essentiel…

Essentiel :

Ce personnel médical applaudi tous les soirs à 20H, remercié tant de fois par les autorités depuis le début de la crise, ce même personnel médical qui, depuis des années, se bat auprès de ces mêmes autorités pour demander des meilleures conditions de travail, plus de ressources pour les hôpitaux, etc., et qui a le sentiment légitime de n’avoir jamais été entendu. Face à cette crise, bien que les éloges à son égard fusent, ce personnel médical se sent encore une fois abandonné par le politique et doit, encore une fois, trouver un moyen de se faire entendre. Au vu de l’absolue nécessité de leurs métiers à l’heure actuelle, une grève représenterait en effet une sérieux problème pour la santé publique, c’est cette fois en tournant le dos à notre première ministre lors d’une visite que ce personnel médical a essayé de se faire entendre. 

Caissiers, éboueurs, agents d’entretien, aide-soignants, chauffeurs de bus, ouvriers communaux, agriculteurs, etc. Tant de métiers, considérés comme « sous » métiers, qui sont maintenant représentés comme des héros par les médias et l’opinion publique et dont les recommandations ont si souvent été ignorées. Cette crise a également montré que ce sont ces métiers qui sont si souvent amenés à se battre pour de meilleures conditions de travail, pour plus de droits, et pour plus de considération de la part des autorités qui s’avèrent être les métiers les plus indispensables à la survie de notre société.

1er décembre 2020 : «Lockdown partouze» d’une vingtaine de personnes à Bruxelles : un eurodéputé impliqué passe aux aveux »

Non essentiel… pt.2

L’arrivée des fêtes

La vie reprend… Doucement.