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9 mars 2022

« Avec les réfugiés ukrainiens, les Européens retrouvent le sens de l’accueil », si seulement cela valait pour tous les êtres humains…

Depuis plusieurs jours je veux m’exprimer, je cherche mes mots mais je ne les trouve pas. Je suis submergée, de tristesse et de colère. 

Je suis triste parce-que je pense à ces milliers de femmes et d’hommes qui chaque jour, depuis des années, cherchent ici un accueil digne et humain, et ne reçoivent en échange qu’une succession de refus, des vagues de mépris, de non-considération. Aujourd’hui je ne peux m’empêcher de penser à eux, à elles, au ressenti d’une énième et toujours plus violente déshumanisation. Je suis triste car aujourd’hui nous assistons à une belle vague de solidarité envers un peuple en guerre, mais qu’elle en emporte d’autres, les laissant encore et toujours plus bas que terre. Au rang de moins que rien. Moins que d’autres du moins. Je suis triste car je pense à eux, à elles, qui voient des mains se tendre, mais jamais dans leur direction. Je suis triste car je sais qu’au fond, la plupart de ceux et celles que j’ai rencontré n’hésiteraient pas à tendre la leur. Je suis triste car j’essaie, innocemment, de me mettre à leur place, et ça me fait vraiment mal.

Je suis en colère. En colère encore une fois contre l’Europe qui ne tente même plus de cacher son racisme systémique. Je suis en colère contre un service de l’immigration qui compte le prix des vies humaines en fonction des kilomètres qui nous séparent d’elles. Je suis en colère contre cette hypocrisie qui défile sur mon fil d’actualité au fur et à mesure des jours. Je suis en colère contre ces personnes qui il, y a un mois, pestaient encore contre l’ouverture d’un centre pour réfugiés dans leur commune et qui aujourd’hui sont prêtes à accueillir une famille Ukrainienne chez eux. Je suis en colère parce qu’il ne devrait pas y avoir à faire de différence entre humains en détresse. 

Je suis triste et en colère parce-que naïvement, j’aurais espéré que découvrir la réalité de la guerre, de l’exil et de la violence à travers une guerre aux portes de l’Europe aurait éveillé les consciences sur le besoin d’ouvrir nos portes et apporter notre aide à TOUTES les personnes qui la fuient. Je suis triste et en colère parce-que aujourd’hui rien n’a changé. Certains continuent à dormir dehors dans l’indifférence générale, pour eux les files s’allongent, les places se réduisent et les portes se ferment. Pour eux c’est l’indifférence. Et moi, je suis impuissante.

21 mars 2022